28 octobre 2016

The China Experience – 40/ The Guilin Experience

Premier voyage en Chine, septembre-novembre 2002

Décollage ici.
Expérience précédente : The Miao Experience (pt. 3).


17 novembre 2002 – 18 novembre 2002 : The Guilin Experience, Guilin (Guangxi)

Guilin est une grande ville (quoi qu'en fait assez petite selon les critères chinois), étonnamment propre et jolie pour la Chine. Dès mon arrivée, je pars tel David Vincent « en quête d'un cybercafé qu'il ne trouva jamais ». En désespoir de cause, je téléphone à M. Ma. Celui-ci accourt et, depuis Lijiang, il n'a rien perdu de sa bonhomie ni de sa chaleur. Son appartement, grand, superbe, élégamment décoré, est un havre de paix et me donne un sentiment de luxe après mon road-trip dans le Guizhou. Je prends une douche bien méritée, après quoi M. Ma m'invite au restaurant en compagnie de son fils cadet (treize ans). Là, il commande une pléthore de plats et se raconte pendant que je me régale. Fraîchement diplômé en médecine, M. Ma a été « déporté » à la campagne une année durant, contraint à se « rééduquer » auprès des paysans, Révolution Culturelle oblige ! Sa voix tremble encore de rage lorsqu'il évoque cette année qu'on lui a volée. Travailler aux champs, lui qui était médecin ! Cette blessure ne guérira sans doute jamais tout à fait... Dans un autre registre, j'apprends que Richard Clayderman est très connu en Chine. M. Ma, grand fan, le considère comme un éminent représentant de la culture française (ouch !). Nous faisons finalement le tour du lac de Guilin, orné d'un parc magnifique et d'éclairages colorés. Cette ville, décidément, a du charme.

De retour chez M. Ma, je fais la connaissance de son épouse, une femme agréable, et l'on me montre fièrement une vidéo d'un spectacle du fils aîné, danseur contemporain. Ma grave ensuite sur un CD les photos qu'il a prises à Lijiang. Je consulte mon email mais n'y trouve nulle réponse de ma princesse indienne. Je commence à craindre le pire. Son silence ne peut vouloir dire qu'une chose : game over. Et cette idée ne me plaît pas, mais alors pas du tout. Comme je commence un peu à angoisser, conscient que le ciel peut me tomber sur la tête à tout moment, j'annonce à M. Ma que je partirai dès le lendemain pour Yangshuo. Il s'en montre fort déçu, insiste pour que je prolonge un peu mon séjour. Je m'en sors en arguant que je n'ai plus qu'une semaine avant de prendre l'avion, que je dois encore me rendre à Yangshuo et rendre visite à Iris. La vraie raison, c'est que j'ai peur d'apprendre que ma princesse m'a quitté et de m'effondrer sur place. Je n'ai pas envie d'infliger cela à la famille Ma. J'aurais bien aimé rester quelques jours de plus, je suis bien ici, je n'ai rien de spécial à faire à Yangshuo. Mais j'ai un problème à régler et je dois le régler seul. Avant de m'endormir, je fais un pacte avec moi-même et l'Univers, que je me sais tout à fait incapable de tenir. « Whatever you'll want me to do, I'll do. And this time I mean it! Si c'est fini, je ne ferai pas de drame, je ne me révolterai pas, je n'essaierai pas de la convaincre, ni n'entamerai de dépression nerveuse. Je l'accepterai, c'est tout. » J'écris longtemps pour exorciser ma peur, pour réaffirmer ma confiance en moi et en la vie. Mais au fond de moi, j'ai peur. Un peu plus tard je note que si l'on contracte, pour nommer Dieu, les pronoms « he », « she » et « it », on obtient « shit ». Tout est dit.

Là-dessus, une chiasse carabinée m'empêche de trouver le sommeil, et je ne parviens à dormir que trois heures.

Le lendemain, M. Ma m'offre un copieux petit déjeuner, puis me conduit en scooter à l'Hôpital du Peuple, où je rencontre ses collègues du service de radiologie, qui m’accueillent avec la plus grande courtoisie. Lorsque je demande au Dr. Ma s'il faut un permis pour conduire un scooter en Chine, il me répond d'un ton canaille qu'il avait la flemme de le passer, alors il l'a acheté. Nous sacrifions au rituel de la « photo de famille » et il me dépose à la gare routière. Nous échangerons des emails pendant plusieurs années. En 2007, sa boite mail cessera de fonctionner. J'ignore ce qu'il est devenu.

Le bus roule sous un ciel bleu mais au fond de moi, je sens venir un orage sans précédent.


Prochaine expérience : The Yanghuo Experience (Pt. 1).

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