27 novembre 2005

En écoutant de la pop japonaise...


Quelques échos, pensées personnelles et impersonnelles à partager ce soir en écoutant de la pop japonaise et des musiques de mangas (qu’est-ce que c’est bien, la pop japonaise !). 

À propos du froidRien à en dire hormis que c’est affreux, épouvantable, démesurément insupportable ! Il me tarde de quitter cette région glaciale pour des contrées plus chaudes, sinon tropicales… Allez, plus que quelques années à patienter !

Nouvelles nouvelles :
Beaucoup de choses, ça bouge et c’est vraiment bien ! Il faudrait que ça paie, maintenant (lol). Tabloïde, puisque c’est maintenant le nom officiel du recueil de nouvelles en cours, avance bien. J’ai mes dix sujets, cinq sont finalisées et j’en suis vraiment content. Une est à demi écrite et quatre restent à faire. Dix histoires de femmes dont la vie bascule, c’est le sujet de ces textes pour le reste très différents. Ce sont autant d’expériences narratives volontairement diverses, que lie certes ce style très « parlé » que j’aime à développer. Tabloïde (la nouvelle qui donne son titre à l’ensemble), vous pouvez la lire plus bas sur ce blog. Diamant sans canapé décrit une jeune fille coincée dans sa banlieue. Visages explore l’extrême limite de ce que l’on peut faire, au delà de tout bon sens, pour récupérer un amour perdu. Le cordon narre le bagne qu’est une relation toxique avec une mère et une grande sœur. Ce que font les morts est une variation sur le thème de Flux, la BD que je réalise avec le dessinateur 2080 : ce qui se passe lorsque les perceptions sont modifiées, que le monde des morts devient visible et se mêle à celui des vivants. Le camp pousse jusqu’au bout la dérive de la télé-réalité. Le livre des secrets et Initiations content le passage à l’âge adulte de deux jeunes filles qui découvrent le pouvoir, l’une à travers le chantage, l’autre à travers le sexe. La déposition décrit l’aberration policière à laquelle doit faire face la victime d'un viol, l’indifférence cynique des flics masculins. Quant à La fille d’avant moi, c’est à propos de la paranoïa qui, amplifiée par quelques malheureuses coïncidences, conduit au pire. Dix contes amoraux, dix femmes qui se retrouvent propulsées en dehors de leur routine, sinon de leurs vies. ET autant d’expérimentations narratives, j’en profite pour m’amuser un peu ! Bref, je conte avoir terminé cela pour Noël et soumettre Tabloïde aux éditeurs en duo avec L’incident Œdipe, mon premier roman. Quelques récents contacts pourraient m’aider à attirer l’attention de quelques éditeurs sur ces manuscrits, ce serait bien, on verra. Je pense honnêtement que ces deux livres sont d’honnêtes récits, qui méritent d’être lus. Je ne suis pas encore Kundera (ô mythique Kundera qui bouleversa tant ma vie d’écrivain), certes, mais à force de travail et de pages remplies, je crois commencer à acquérir une vraie maîtrise de la façon dont l’on raconte une histoire, et la « patte » qui va avec.

Raconter des histoires (1) :
C’est ma cause première, la vraie, la seule. J’en parlais au printemps avec le plasticien Nicolas Manenti, car nos parcours ont été similaires en un sens. Pourquoi ai-je choisi ce hasardeux métier ? Au tout départ, juste pour raconter des histoires. Parce que d’autres m’avaient apporté tant de joie en m’en racontant, cela ne pouvait être que jouissif d’en raconter à mon tour. Et parce que rien ne m’apportait plus de bonheur, enfant déjà, que ces histoires, la seule chose valable que je pouvais imaginer faire en ce monde était d’en raconter aux autres. Ainsi ai-je décidé à neuf ans que je ferai de la bande dessinée, puis à quatorze ans que je ferai de la littérature et de la poésie. Nico, lui, voulait à l’origine faire du dessin et de la peinture, ni plus ni moins. Ensuite, il y a eu pour nous deux la « zone de chaos ». Pour lui comme pour moi, cette zone de chaos démarra avec les Pentes de la Croix-Rousse. Nous avons découvert l’art expérimental, la création alternative, celle qui n’est que recherche. Nous avons découvert cela et ça nous a fascinés l’un comme l’autre. Alors nous nous sommes mis à chercher, à tenter nos expériences aléatoires, à travers différents médiums et supports, cherchant d’autres formes de langage et d’expression. Nous étions avides d’essayer mille choses et parfois, nous nous sommes perdus en chemin dans des zones d’ombres, dans des doutes existentiels, dans des directions qui ne nous correspondaient pas. La « zone de chaos » fut traversée et petit à petit nous revinrent chacun à ce qui nous avait donné notre première impulsion. Je réalisais qu’en fait, je voulais raconter des histoires. Nico réalisa qu’en fait, il voulait peindre et dessiner. Pas de regrets pourtant, car cette « zone de chaos » est inévitable et nécessaire dans le cheminement et la maturation d’un artiste. Comment savoir ce que l’on souhaite faire avant d’avoir essayé mille trucs ? Comment savoir ce que l’on veut exprimer sans avoir tourné autour du pot ? Nous avons appris énormément, durant ces années formatrices, et nous avons acquis une maîtrise bien plus grande de nos pratiques respectives. Ainsi qu’une compréhension bien plus grande de ce qu’implique la création, dans le fond comme dans la forme.

(Nom de Dieu, je voudrais que vous entendiez ce que j’écoute en ce moment, c’est un putain de trip c’te musique jap !)

Raconter des histoires (2) :
Je me suis, au fil des années, essayé à la nouvelle, au roman, au scénario de bande dessinée, de film et de feuilleton radio, à la poésie, à la chanson, au conte surréaliste. Mais s’il est -avec le théâtre- un domaine que je n’avais jamais exploré, c’est celui du livre pour enfants. 
À vrai dire la raison est que d’une part je n’y avais jamais songé, d’autre part je m’en pensais incapable. Il y a quelques mois, un concours de circonstances m’a conduit à vouloir m’y essayer. Soyons réalistes : c’est le secteur le plus rentable du marché de l’écriture. Après tout, pourquoi pas ? Le constat énuméré plus haut m’amenait à considérer sérieusement la chose : s’il est une forme qui consiste à raconter une histoire, purement et simplement, c’est bien la littérature pour enfants. En plus c’est l’occasion de les raconter en toute liberté, ces foutues histoires : peu importe que ce soit crédible ou réaliste, il faut juste que l’on soit happé par le récit, que l’on se laisse abandonner à sa logique propre en oubliant celle du monde réel. C’est certes valable en littérature et en BD aussi, mais peut-être un peu moins librement (Kundera me fustigerait pour ces mots et il aurait raison. Pardon, Milan). Bref, je m’y suis donc essayé et… en fait je kiffe grave ! J’en ai déjà écrit six, depuis la rentrée. Je ne vous parle pas de romans pour enfants, mais bien de petites histoires destinées à devenir des livres très graphiques, un peu comme la collection du Rouergue dont je vous parlais il y a quelques semaines. J’ai encore peu de recul quant à ce que ça vaut, mais les quelques retours de mon entourage sont plutôt encourageants (et DieuShiva sait que mon entourage ne mâche pas ses mots quant il s’agit de me dire que je fais de la merde !). Je m’amuse beaucoup à raconter ces petites histoires rigolotes et trippées, où il s’agit avant tout de redevenir enfant et d’être aussi imaginatif que possible. Je vais démarcher deux de ces livres, déjà mis en images par 2080 (Le tour du monde en six heures) et Jérôme Dupré la Tour (L’homme qui ne dormait pas la nuit). Je suis toutefois tout particulièrement fier de La malédiction du plombier-garou, écrit ces derniers jours ! Bref, je m’amuse bien et en plus, à partir du moment où l’on a l’idée de départ, qu’est-ce que ça va vite par rapport à ces foutus romans, nouvelles et scénarios ! Bref, on verra si je tiens le bon bout lorsque les éditeurs y auront jeté un œil.

Deuil musical :
Shoona Sassi, 2001-2005, R.I.P. Mon collègue DaBoostemp n’étant plus très disponible pour la musique, en proie aux chaos de sa vie personnelle, je me suis vu obligé de mettre un terme à notre collaboration. Nous nous sommes mis d’accord pour tâcher tout de même d’enregistrer la quinzaine de titres que nous avons composés. Ce serait idiot de jeter à la poubelle cinq ans de travail, sans garder de trace. Mais de concerts, plus. Ni d’avenir pour ce projet. Shoona Sassi aura été mon rêve d’ado devenu réalité le temps de cinq concerts et au moins une bonne centaine de répétitions. Y renoncer a été un choix très difficile, mais je ne peux plus perdre mon temps à m’investir dans un projet à deux si l’autre ne suit pas. Ainsi aura vécu ce duo electrofunk sensuel et moite, sexuel et provocateur, à la fois trash et volontairement kitsch. Je pense que je mettrai ces titres en ligne le jour où ils seront enregistrés, histoire de les partager avec vous. Décision douloureuse mais à la fois, Shoona Sassi, ce délicieux ego-trip, correspondait-il encore à mes envies artistiques actuelles ? Sans doute plus tout à fait. J’en suis à un moment de mon existence où j’ai envie de choses peut-être un peu plus sophistiquées musicalement, et un peu plus deep quant à leur propos. Sans rien renier : j’aime et j’aimerai toujours Shoona Sassi. Et DaBoostemp n’en restera pas moins l’un de mes plus proches amis. Mais il est temps de tourner la page. Temps de faire des choix, aussi : à l’heure où il est crucial que je commence à vivre de ma plume, quel temps me reste t’il pour un projet de groupe en live, qui demande tant de travail ? Je pense désormais plutôt m’orienter vers des collaborations studio, notamment avec 2080 (encore lui !). Ou des perfs plus expérimentales comme Bébé Coma (voir plus bas). Et puis, dans deux à quatre ans, je quitte Lyon. Je ne peux plus penser projet à long terme ici.

L’Anagramme en décembre :

Ça se précise, je vous en reparlerai.

Mercure Liquide

Soirée lecture/perf/vidéo très réussie hier à la bibliothèque du 1er, avec plus de cent personnes, contre toute attente (excellent !). Le projet redémarre, là aussi je vous en reparlerai.

La conjuration des imbéciles

Je suis en train de lire ce roman hallucinant de John Kennedy Toole et je dois dire que je suis soufflé ! La conjuration des imbéciles est un livre improbable, l’histoire d’un fou qui s’est lui-même mis à l’écart de la société pour mieux la critiquer. Mais pour, bien sûr, la critiquer n’importe comment, jetant le bébé, l’eau du bain et la baignoire avec. Les personnages et les situations sont tellement poussés qu’ils frôlent le surréalisme, et pourtant on y croit, parce que c’est foutrement bien écrit. La démesure est le pilier de ce livre et c’est ce qui le rend si drôle, car si les héros de ce bouquin sont tragiquement pathétiques, cela ne les rend que plus hilarants. Je ne sais pas encore où tout ça nous mène, mais je vous conseille en tout cas de vous procurer ce monument de la littérature anglo-saxonne (je l’invente pas, il est reconnu comme tel).

Voilà, et puis je vous laisse avec un petit texte tout trippé que j’ai écrit un soir de 1993. Probablement le seul texte de cette époque que j’assume encore (je suis retombé l’autre jour sur des poèmes que j’avais écrit il y a dix ans : putain c’était vraiment mauvais !) : 
[Texte déplacé ici.]
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